Thursday, December 06, 2007

Saül ( episode 3)






Premier repas au carbet. Stéphane nous convie à un "buffet exotique": salade de papaye verte, charcuterie, fromage, fruits du jardin. Il est temps de présenter mes 2 compagnons d'aventure: Georges, 73 ans toulousain, sec comme un cep de vigne, douanier retraité et randonneur averti, il contribuera à corser l'aventure par son comportement un tantinet déjanté et son discours incessant et confus. Thérèse qui vient du Cantal et est infirmière et qui aura bien du mal à garder son calme . Stéphane, lui fait bonne figure, c'est son rôle de guide de gérer les difficultés...
Après le déjeuner un petit "break"et nous voilà partis pour le sentier:"les grands arbres".
où nous rencontrons Gérald le maître à penser de Saül:
Nous amorçons une petite pente et sur notre chemin une belle maison en bois en cours de construction. Stéphane s'arrête pour saluer un personnage haut en couleur une sorte de César (le sculpteur du pouce géant en cire qui se trouve à la Tate Gallery ); après un début de conversation formelle, nous abordons des sujets plus pointus. Gérald, visiblement connaît tous les détails sur la vie intime des habitants du village...Soudain, il me regarde de ses petits yeux malicieux et tout de go me traite de "bobo". Je me garde de le contredire et abonde dans son sens: "en effet, il a vu juste: je suis bien une "bobo" ne serait-ce que par le fait d'habiter un arrondissement parisien qui a cette réputation; Il exhibe alors au bout d'une imposante chaîne en or, une pépite qui paraît-il a une longue histoire...et s'ensuit un récit sur sa fille qui s'est acoquinée avec un orpailleur brésilien du Nordest; Le seul mot brésilien suffit à déclencher sa rebellion. A Saül les orpailleurs sont maudits. Il peut si je veux m'accompagner à 10 kms de là pour voir ce qui se passe: les ravages de l'orpaillage. Et en même temps le discours n'est pas si clair il défend les orpailleurs autant qu'il les attaque. Ce n'est pas si simple à démêler, il leur accorde le fait de survivre et de chercher à subsister avec les moyens qui se présentent à eux. Il les comprend autant qu'il les déteste. Et lui-même trouve à Saül les moyens de vivre hors la loi, dans une marginalité qui semble lui convenir; Il ne construit pas la maison mais je lui demande si la maison sera bientôt prête pour mes amis de Cayenne qui voudrait bien visiter Saül mais qui sont trop "bourgeois" pour dormir dans un hamac! La maison sera prête à Noël. Je venais à Saül pour un bain de nature et voilà que je converse comme à une émission culturelle. L'Amazonie n'échappe pas à la mondialisation.
L'obscurité de la Forêt primaire accepte difficilement de livrer son mystère à l'objectif du "coolpix".

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