Thursday, April 15, 2010

Joyeux tropiques





























J'ai sous le nez, le célèbre: "tristes tropiques"du récemment disparu et très regretté Claude Lévi-Strau dont l''énigmatique première phrase peut laisser perplexe: "je hais les voyages et les explorateurs." Première phrase tempérée par la seconde: "Et voici que je m'apprête à raconter mes expéditions." Et bien chose curieuse j'aurais tendance à dire: "j'adore les voyages et les explorateurs." Notez bien explorateurs et pas voyageurs et ma deuxième phase serait:" et pourtant j'ai beaucoup de difficulté à en faire le récit" Actuellement voyager n'est plus un problème et tout le monde y va de son petit:" j'ai fait...l'Afrique, l'Asie ou L'Amérique avec tel ou tel voyagiste qui en une semaine pension complète et vol compris vous font découvrir le bout du monde tout en gardant votre confort dans un transat au bord d'une belle piscine en compagnie de personnes qui parlent la même langue que vous et pratiquent les même coutumes...







Pour en revenir à mon bouquin, je suis allée tout droit à la table des matières neuvième et dernière partie. LE RETOUR. Chapitre XXXVIII Un petit verre de rhum. Et là, surprise. Je lis:







" A la Martinique, j'avais visité des rhumeries rustiques et négligées; on y employait des appareils et des techniques restés les mêmes depuis le XVIIIème siècle. Au contraire, à Porto Rico, les usines de la compagnie qui possède sur toute la production de canne une sorte de monopole m'offraient un spectacle de réservoirs en émail blanc et de robinetterie chromée.Pourtant, les rhums de la Martinique, goûtés au pied de vieilles cuves debois engrumelées de déchets, étaient moelleux et parfumés, tandis que ceux de Porto Rico sont vulgaires et brutaux..." "Ce contraste illustre à mes yeux le paradoxe de la civilisation dont les charmes tiennent essentiellement aux résidus qu'elle transporte dans son flux , sans que nous puissions pour autant nous interdire de la clarifier."







Voilà une réponse au désir que nous avons de rester en contact avec les pratiques naturelles en ce qui concerne la production des produits alimentaires. Quand je dis "nous" je parle de ces quelques rescapés qui vont voir comment on vit dans ces endroits insolites qui échappent à la course à la rentabilité.







A San Antao quand on se hasarde sur le sentier qui mène du cratère de Cova à Ribeira Grande on traverse des champs de canne à sucre et des rhumeries à l'ancienne comme Lévi-Strauss les décrit plus loin on s'arrête pour déguster et faire quelques achats, histoire de rapporter à ceux qui n'ont pas eu la chance de faire ce précieux détour sur la planète "roots".